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Les restes du pavillon français de Dubaï ont été vendus aux enchères

L’astronaute Thomas Pesquet se réjouissait en 2020 de la construction du pavillon français de l’exposition universelle de Dubaï de 2021, flamboyant vaisseau recouvert de tuiles photovoltaïques : « Le pavillon français a été conçu comme un pavillon durable. On va utiliser toutes les techniques pour le rendre vertueux pour l’environnement », s’exclamait alors le parrain de l’opération. Trois ans après son inauguration, cette rutilante vitrine de l’innovation française n’est plus qu’un « tas de ferraille », soupire Jean-Luc Pérez, l’un de ses architectes.
Le Canard enchaîné, qui a révélé l’affaire, parle d’un « fiasco » dans son édition du 12 juin. Des photos, publiées sur le site des enchères du Domaine, montrent les décombres du pavillon. Des pièces d’aluminium et d’acier sont entreposées, en vrac, sur une pelouse du site toulousain du Centre national d’études spatiales (CNES), qui l’avait acheté dans l’objectif d’agrandir ses bureaux.
L’ouvrage avait pourtant été pensé pour « connecter les esprits [et] construire le futur », selon le thème de l’exposition. L’Etat français a déboursé 36 millions d’euros pour le projet – par le biais de la Compagnie française des expositions (Cofrex) –, dont 16 millions d’euros ont été consacrés aux travaux de construction. Ses concepteurs ont imaginé un bâtiment « autonome énergétiquement, puissant techniquement et, surtout, réutilisable », explique Jean-Luc Pérez.
Le pavillon est vendu au CNES en décembre 2021, lors de l’exposition universelle qui devait se tenir en 2020 mais que la pandémie de Covid-19 a décalée. L’agence spatiale, qui investira en tout 2,5 millions d’euros dans le projet, souhaite alors le transformer en espace de travail et en lieu d’accueil. « Une étude a établi que l’opération de démontage et de remontage du pavillon coûterait moins cher au CNES que de construire un bâtiment neuf », précise Erik Linquier, président de la Cofrex au moment de l’édition de Dubaï. Mais l’édifice ne sera jamais remis sur pied. Le 12 juin, le CNES a donc vendu les restes du pavillon aux enchères – 870 tonnes de ferraille et de déchets ferreux – pour 269 700 euros, soit 10 % du montant déboursé pour l’acquérir.
L’espoir de sa reconstruction s’est éteint à Dubaï, dès la fin de l’exposition universelle, au moment de la phase de démontage. Le prestataire choisi pour désosser le vaisseau n’aurait pas réalisé le travail dans les règles de l’art. « Les poutres ont été découpées au laser pour entrer dans les conteneurs et être rapatriées à Toulouse », affirme Julien Anxionnat, délégué syndical CFDT au CNES. L’architecte Jean-Luc Pérez estime que la Cofrex aurait dû confier le démontage du pavillon à Besix, premier artisan de la bâtisse. Le constructeur aurait rehaussé le prix de cette opération délicate, selon Erik Linquier. « Pour éviter un surcoût important, la mission a donc été confiée à un autre prestataire », observe-t-il.
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